La lithothèque

Qu'est-ce qu'une lithothèque ?

Le mot est une création récente et est formé du grec "lithos" (roche) et  "thêkê" (loge réceptacle, armoire).

Il s'agit donc d'un lieu où sont archivées des collections de roches et d'une manière plus générale d'échantillons géologiques. 

Que contient la lithothèque de CREAM ?

Les travaux en géologie nécessitent de travailler sur des échantillons. Si cela est facile à terre où une paire de bonnes chaussures et un marteau peuvent suffire, le fond de la mer lui n'est pas facilement accessible. Il est formé de roches et de sédiments qui doivent être prélevés avec des outils spécifiques déployés à partir des navires océanographiques.

Pour les roches, on utilise des dragues qui sont l'équivalent de chaluts, en plus robuste, qui permettent de racler le fond.

Pour les sédiments, on utilise des outils qui prélèvent la partie superficielle en vrac (bennes) ou qui pénètrent pour rapporter un échantillon aussi intact que possible. La profondeur de pénétration peut atteindre quelques centimètres (carottiers boites, multi-tubes) à plusieurs mètres pour les carottiers à piston. Pour des pénétrations plus importantes tant pour la roche que pour le sédiment il faut utiliser des outils de forage.

Pourquoi archiver les échantillons géologiques du fond des océans ?

Cette question doit toujours être posée car archiver un échantillon nécessite des budgets importants et un engagement financier sur une longue durée. Cependant plusieurs considérations plaident en faveur d'un archivage systématique et automatique des échantillons prélevés par les navires : 

• Une campagne à la mer est complexe, longue et coûteuse à obtenir et à organiser. Il se passe généralement plusieurs années entre le projet d'une campagne et sa réalisation. Il est donc important de conserver et d'archiver dans de bonnes conditions les échantillons récoltés car une nouvelle opportunité de retourner sur le même site ne se présentera peut être pas de sitôt.

• Un échantillon est toujours prélevé dans le cadre d'un projet scientifique. Pour atteindre les objectifs fixés dans ce projet, l'échantillon n'est généralement pas entièrement « consommé » pour des analyses et pourra donc être utilisé ultérieurement, dans le cadre d'autres projets qui peuvent surgir dans 5 ou 10 ans voire plus !

• Les techniques et méthodes d'analyse évoluent et se perfectionnent en permanence. Ce qui peut être analysé maintenant ne l'était pas il y a 30 ans ; ce qui pourra être analysé dans 30 ans ne l'est pas aujourd'hui. Ainsi un échantillon prélevé dans le passé ou aujourd'hui garde un potentiel de recherche et d'analyse insoupçonnable.

• Le coût annuel d'archivage et de préservation d'un échantillon est infime en comparaison de ce qu’a coûté la campagne à la mer nécessaire pour le prélever.

Comment archiver ces échantillons ?

Tous les échantillons prélevés sont recensés dans une base de donnée (BIGOOD - BIology and GeOlogy Ocean Database) avec des informations indispensables telles que la position géographique de l'échantillon (point GPS), l'outil de prélèvement, le poids ou la longueur de l'échantillon, le navire utilisé, le nom de la campagne océanographique et bien sur l'endroit où est archivé l'échantillon et la façon d'y accéder.

Dans la lithothèque de l'Ifremer les roches sont stockées dans des caisses et des tiroirs à température ambiante. Les échantillons de sédiment, saturés en eau, nécessitent des conditions de conservation qui les empêchent de sécher et de se détériorer. Pour cela ils sont enfermés dans des étuis hermétiques à une température de 4°C. Chaque caisse, tiroir et étuis est identifié avec toutes les informations renseignées de la base de données.

Comment accéder aux échantillons ?

Archiver implique de rendre les échantillons accessibles à la communauté scientifique qui doit avant tout, être informée de l'existence de ces échantillons.

Les informations présentes dans la base de données BIGOOD (service SISMER à l'Ifremer) sont disponibles sur internet via un portail cartographique. On peut y trouver les positions géographiques où ont été prélevés les échantillons. Les données peuvent être filtrées selon divers critères : le type d'échantillon (roche ou sédiment), l’outil de prélèvement, le nom de la campagne océanographique, les coordonnées GPS, avec un lien vers une page web. On peut également trouver les informations sur le lieu de stockage de l’échantillon et la procédure pour se le procurer. Cette page peut aussi contenir des données acquises sur l'échantillon.