Les monts sulfurés inactifs
Existe-t-il plusieurs types de monts sulfurés inactifs ?
Généralement lorsque l’on évoque les monts sulfurés sous-marins, la première image qui vient à l’esprit est celle de systèmes extrêmement actifs émettant de l’eau hydrothermale surchauffés (350°C) à leur sommet et associés à une faune abondante. Pourtant, il est plus que probable que la majorité des dépôts sulfurés des océans soient inactifs et bien moins colonisés que ce que renvoie cette « image d’Epinal ».
Le sommet du mont actif « Active Mound » situé dans le district de TAG est caractérisé par une biomasse importante et une forte activité hydrothermale qui se traduit par des fumeurs noirs. Toutefois la morphologie de ce dépôt (équivalente à une pièce montée en pâtisserie) et les mesures d’âges réalisées sur les minéralisations sulfurés indiquent qu’« Active Mound » a probablement connu des périodes plus ou moins longues d’activité et d’inactivité durant près de 50 000 ans.
Ainsi, la notion d’inactivité semble être relative et, un peu comme pour les volcans, certains de ces monts sulfurés dits « inactifs » pourraient n’être qu’« en sommeil » alors que d’autres seraient totalement éteints.
Peut-on reconnaître un mont en « sommeil » d’un mont fossile ?
Plusieurs paramètres doivent être regardés lorsque l’on souhaite donner une chronologie relative et absolue à un dépôt sulfuré océanique. Les premiers critères à prendre en considération sont la morphologie et la structuration du site (obtenue par cartographie acoustique près du fond). L’observation directe sur le fond (grâce au Nautile ou au ROV) permet également d’obtenir des informations importantes sur la structure des minéralisations mais également sur l’importance de la couverture sédimentaire pélagique. Enfin, il est aussi possible de prélever des échantillons sur le fond et de réaliser des mesures d’âge par des méthodes isotopiques (géochronologie).
Ainsi, un site « récemment inactif » sera caractérisé par des pentes très fortes lui conférant une forme conique bien reconnaissable. Il sera peu recoupé par des failles et, au sommet, les cheminées hydrothermales sont encore visibles, parfois effondrées, mais souvent encore verticales. Enfin, la couverture sédimentaire pélagique demeurera limitée à une fine couche sur les sulfures. Même si des datations devront être réalisées pour mieux connaître l’âge des minéralisations, il est possible que ce type de monts inactifs ne soient qu’« en sommeil » et donc susceptibles de reprendre une activité hydrothermale ; bien que l’on ne sache pas quand.
Au contraire, un vieux site sera caractérisé par une morphologie de dôme avec des pentes plus douces. Certains minéraux, uniquement stable à haute température, se dissolvent dans l’eau de mer ce qui conduit à l’effondrement du mont. Il aura subi de nombreux évènements tectoniques qui se traduisent par l’effondrement de la plupart des structures de type « cheminée » et la présence de nombreuses failles disséquant le mont. La couverture sédimentaire est importante, allant même jusqu’à recouvrir totalement les minéralisations sulfurées. Pour ce type de dépôts, l’activité hydrothermale semble irrémédiablement scellée amenant à le considérer comme fossile.