BLAME

ANR BLAME (478640 €) - 2019-2023

Le méthane en Mer Noire :

du sédiment jusqu’à l’hydrosphère et son impact sur l’évaluation de l’aléa

Etant donné que le méthane est un puissant gaz à effet de serre, il est essentiel de définir le bilan du méthane associé aux « Systèmes fluides » et comprendre l'équilibre entre la génération du gaz dans les sédiments, leur migration/accumulation et leur émission au niveau des fonds marins. Par conséquent, la détermination du devenir du méthane issu de l’émission des gaz libres contenus dans les sédiments et/ou de la dissociation des hydrates, à l'échelle locale et régionale, reste un défi scientifique majeur.

Dans ce contexte, la mer Noire présente un intérêt particulier du fait de la présence d’un nombre important de « Systèmes fluides » actif responsable de l’émission d’un volume considérable de gaz libre dans la colonne d’eau. La majorité du gaz est stocké sous la forme d'hydrates de gaz et en raison d’une augmentation récente de salinité de la mer Noire, la salinisation des sédiments serait responsable d’une dissociation en cours d’une partie des hydrates.

Au cours des trois dernières décennies, la communauté des géosciences marines a accordé une attention particulière à la dynamique des hydrates et à leur impact sociétal. Les hydrates de gaz sont accumulés dans les premières centaines de mètres du sous-sol marin le long des marges continentales du monde et la quantité de gaz naturel piégé sous cette forme dépasse les réserves connues d'énergie fossile conventionnelle. Paradoxalement, les effets potentiels des hydrates sur les aléas naturels et les changements climatiques restent incompris.

Le projet BLAME aborde le "cycle" du méthane du secteur roumain de la mer Noire. À cette fin, l'évolution du « Système fluide » sera étudiée depuis la formation du gaz dans les sédiments jusqu'à sa dispersion dans l'hydrosphère en passant par la caractérisation des voies de migration et des zones de stockage sous la forme d'hydrates de gaz. Le projet se concentrera particulièrement sur l'impact de ce système sur les processus de déformation sédimentaire et l'instabilité des pentes.

Le projet BLAME, associé à une nouvelle expédition d'acquisition de données nommée GHASS2, sera découpé en cinq programmes de travail afin de remplir les principaux objectifs du projet. Nous appliquerons une nouvelle approche multidisciplinaire intégrant l'observation, la caractérisation, la quantification et la modélisation numérique. L'approche combinera plusieurs méthodes et disciplines complémentaires : géomorphologie, sédimentologie marine, géophysique qualitative et quantitative, analyse des paramètres géotechniques in-situ, analyse géochimique des sédiments et des eaux interstitielles et de la colonne d'eau, modélisation numérique pour contraindre l'évolution temporelle du système « hydrates de gaz » et son impact sur la stabilité des pentes.

Le projet BLAME est développé sous le défi «Gestion efficace des ressources et adaptation au changement climatique» et son objectif principal est de mener des recherches sur les risques gravitaires en relation avec des mécanismes naturels (pression du fluide interstitiel, hydrate de gaz). Notre capacité à comprendre les « systèmes fluides » et les systèmes sédimentaires dans leur ensemble est cruciale pour l'évaluation des risques naturels ainsi que la caractérisation de la quantité de méthane qui atteint la colonne d'eau et potentiellement l'atmosphère. Ces connaissances pourraient améliorer l'évaluation des risques de glissements de terrain et de tsunamis dans cette région côtière densément peuplée. BLAME pourrait être un point de départ pour évaluer l'impact que ce « Système fluides » peut avoir sur le climat.

Coordination du projet :

Vincent Riboulot -Ifremer/UMR Geo-Ocean

Le projet est soutenu par une équipe expérimentée composée de huit chercheur(e)s et ingénieurs de l'unité de recherche Géosciences Marines de l'Ifremer. Il sera enrichi par des compétences complémentaires de chercheur(e)s issu(e)s de partenaires académiques français.