MODAL - Suivi temporel de déformation et évaluation des aléas gravitaires associés à des pressions de fluide (pente niçoise).
En domaine sous-marin, la connaissance précise des processus gravitaires est essentielle, à la fois pour les études de dangers naturels liés aux mouvements de terrain sur les marges, mais aussi pour pouvoir estimer les dangers associés. Mais, anticiper de futures catastrophes ne passe pas seulement par l’observation et la cartographie des instabilités sédimentaires. Il est en effet primordial de comprendre les mécanismes et les facteurs déclenchant des glissements. Contrairement aux glissements terrestres, les glissements sous-marins peuvent avoir lieu sur des pentes très faibles, souvent inférieures à un degré. La pente joue donc un rôle plus secondaire que pour les instabilités en domaine continental. En revanche, le rôle des fluides interstitiels apparaît comme essentiel.
Le but de ce projet est d’analyser les dangers associés à la déformation sédimentaire dans des environnements marins exposés aux séismes et aux surpressions de fluide. Dans ce projet, on s’intéresse à la pente niçoise qui est localisée dans un secteur densément peuplé et très exposé aux dangers géologiques. Le défi scientifique majeur concerne le couplage entre les fluides et les déformations sédimentaires dans le domaine sous-marin. Le site d’étude est relativement facile d’accès, il est caractérisé par une certaine sismicité et est considéré comme l’un des cas d’étude des plus représentatifs pour l’étude des instabilités des pentes sous-marines. Il constitue une véritable zone de laboratoire in situ.
La zone d'étude est marquée par le glissement de pente survenu le 16 octobre 1979 dans la zone aéroportuaire de Nice, qui provoqua un raz de marée, la rupture de câbles sous-marins dans le bassin et la mort de plusieurs personnes. Les études d’instabilité sédimentaire réalisées suite à cet événement ont montré la vulnérabilité de la zone et l’état métastable de la pente niçoise. Dans le cadre d’un précédent projet ANR (ISIS), l’acquisition des nouvelles données géophysiques et géotechniques a montré la présence d’un plan de cisaillement actif et suggère des processus de déformation lente susceptibles de conduire à de nouveaux glissements.
Le projet MODAL (MOnitoring seafloor Deformation and Assessing Landslide hazards associated with fluid pressures - Nice slope) est construit selon un schéma typique pour l'analyse des dangers allant de la compréhension des processus physiques (facteurs déclencheurs, causals ou prédisposants) en passant par la détection des indices de déformation (par la cartographie géophysique et l'imagerie, les mesures in situ et le suivi temporel) et l'évaluation des hasards (probabilité d’occurrence d’un danger au cours d'une période de temps). Plus précisément, nous proposons un suivi temporel du champ de déplacement et la mesure de la pression de fluide afin d'évaluer la probabilité de rupture de la pente, en réponse à une charge gravitaire, une charge dynamique générée par un séisme et/ou une surpression interstitielle associée aux précipitations sur la région niçoise.
Le site d’étude a été activement étudié au cours de la dernière décennie dans le cadre des projets nationaux et/ou européens. Nous avons déjà un ensemble important de données géotechniques, géologiques et géophysiques, ce qui facilite l'application et la validation du schéma proposé. Le projet MODAL relève de la recherche fondamentale, mais aussi des développements technologiques et leurs applications pratiques.