Impacts de l’exploitation sur le milieu
L'exploitation du fond de la mer, quelque soit son objectif et les précautions prises, entraîne des modifications temporaires ou permanentes du milieu marin. Ce système est complexe et l'interdépendance des compartiments liquide, solide et vivant est telle que la modification de l'un d'eux peut entraîner une évolution irréversible du milieu.
Atteinte au milieu liquide
Au cours de l'extraction de granulats, l'eau est le premier milieu altéré par création d'une turbidité :
- en profondeur par le passage du bec d'élinde* ;
- en surface par le rejet des particules fines avec l'eau de la surverse.
Si faible soit-elle, on ne peut tenir cette turbidité pour négligeable du fait de ses implications sur la flore et la faune benthiques.
Les particules fines vont former un panache qui, entraîné par les courants se déposera (et sera repris et redéposer, etc ...)
soit en mer, soit sur le littoral. Le risque de remise en suspension de particules fines contaminées est négligeable voire nulle, les sédiments recherchés pour l’exploitation (sables et graviers) ayant été déposés avant l’ère industrielle.
*élinde : conduite permettant la remontée des sédiments aspirés sur le fond vers la cale du navire.
Atteinte au milieu solide
À la suite de l'extraction, il y aura un changement de la morphologie du fond (voir figure en fin de page) qui pourra modifier le régime des courants de fond au voisinage du site exploité. En modifiant ainsi l'équilibre des sédiments superficiels, auxquels on peut rattacher dans certains cas les sables littoraux, ces extractions pourront provoquer ou aggraver l'érosion côtière, particulièrement dans le cas d'exploitation à proximité des côtes et par faible profondeur d'eau. Les excavations peuvent, de plus, rendre ces secteurs temporairement impropre au chalutage.
Atteinte au milieu vivant
Les effets des exploitations sur les ressources biologiques seront soit immédiates et donc évidentes, soit à long terme et seul un suivi sérieux permettra d'en mesurer l'importance. Parmi les répercussions immédiates, la destruction du peuplement benthique** dans la zone d'exploitation est indéniable. Cette destruction affecte essentiellement les invertébrés directement exploitables par l'homme ou sources de nourriture pour certains poissons. Il convient de citer également le risque de destruction des frayères pour les espèces qui pondent sur le fond (hareng en Manche orientale et en Mer du Nord), dont l'intérêt commercial est important, et des nourriceries où se concentrent les jeunes individus. Les répercussions à plus long terme sont moins aisées à mettre en évidence, car elles sont difficiles à différencier, avec certitude, des variations saisonnières ou annuelles naturelles. En cas d'exploitation extensive, les changements notables dans la répartition des différents substrats modifieront les relations avec les peuplements qui leur sont associés. En particulier, les creusements effectués à travers des dépôts de sédiments fins pour atteindre les graviers sous-jacents laissent des traces durables ; or, les peuplements les plus productifs se trouvent sur ces sédiments fins. La sédimentation de particules fines, remises en suspension lors du dragage et concentrées par les courants de fond, peuvent également changer la nature du substrat.
**vivant sur le fond.
L'exploitation des matériaux marins se pratique généralement par la méthode d'aspiration en marche. Lorsque le bec de l'élinde pénètre dans le sous-sol, il laisse, sur le fond, une trace plus ou moins visible et durable selon la nature du sédiment. L'impact des exploitations anciennes a été mis en évidence, grâce au sonar à balayage latéral, dans les sédiments grossiers (graviers et galets) ; les traces demeurent visibles pendant plusieurs années après la fin de l'activité. Ces marques témoignent de la faible mobilité de ce type de sédiments, qui ne permet pas le comblement rapide des sillons. En domaine sableux, par contre, les traces de l'extraction sont plus facilement effacées.