Lundi 3 avril : c'est le tour d'Aurélien !
C'est le tour d'Aurélien de nous raconter sa première plongée avec Nautile.
Lorsque l’on observe du pont l’océan avaler la carcasse jaune vif qui protège pilotes et scientifique, il est difficile de se projeter au cœur du balai des plongeurs qui détachent les derniers liens raccordant le Nautile au Pourquoi pas ?. Le matin du départ, la tête vide et la carte de navigation dans les mains, on entre dans la sphère de titane et on se laisse littéralement mettre à l’eau par une armada de marins rodés à la tâche : l’opération ne prend qu’une quinzaine de minutes.
Deux indices géologiques permettent de cibler les zones où des monts hydrothermaux ont potentiellement pu se mettre en place : les volcans, témoignant d’une activité thermique mettant en mouvement l’eau de mer et les failles, par lesquelles cette dernière pénètre dans l’écorce terrestre et se charge en métaux.
Les cartes de haute résolution récemment établies permettant d’identifier ces structures, la plongée avait pour objectif de traquer des monts inactifs dans un contexte où les deux indices se conjuguent, 4500 mètres plus bas.
Couchés sur le ventre, le nez collé au hublot, nous voyons la lumière du soleil se raréfier dans les dernières ondées. Très vite, le décor cède la place à une nuit artificielle, froide, où seul le sondeur permet de savoir que nous continuons de gagner en profondeur. Après une descente de presque 2 heures, les spots du Nautile s’allument et je comprends que l’on a changé de monde. Devant nous s’étalent des dunes de sédiments recoupées par des failles mettant à l’affleurement les roches volcaniques.
Les mouvements du sous-marin sont à l’image de ce monde minéral, d’une infinie lenteur. Le temps perçu se dilate mais l’horloge, elle, reste cadrée sur les mouvements du soleil : nous cherchons depuis déjà 3 heures les anciens monts hydrothermaux sans trouver leur trace et prenons la décision de nous rendre au pied du volcan, point d’orgue de notre plongée.
Sur notre route nous croisons crevettes, poissons et holothuries avant de découvrir ce que nous cherchions : une succession de collines tâchées d’oxydes, témoignant d’une activité hydrothermale passée, qui encerclent la structure volcanique observée sur les cartes. Arrivés au sommet du volcan, nous prélevons un échantillon de celui-ci : Franck et Olivier, les pilotes, réalisent des opérations quasi-chirurgicales. Avec la fatigue suivant les heures de concentration, l’irréel prends le pas et j’ai presque l’impression que nous survolons le sommet d’une autre planète, de notre petit vaisseau jaune.
Avant la remontée, puis successivement par paliers, l’eau de mer est échantillonnée pour être analysée par les chimistes à bord. Enfin, vers 18h30, nous atteignons la surface et sommes remorqués au sein du bateau. Ce n’est finalement qu’en regardant les vidéos prises par le Nautile sur le fond que j’ai pu prendre conscience de la réalité de cette expérience hors du commun !