Première plongée pour Thomas

Première plongée Nautile cette fois pour Thomas,  chercheur en géochimie spécialiste des fluides hydrothermaux, caractérisation minérale des fluides.

Dans quel état d’esprit étais-tu avant juste avant de plonger ? Calme ? Stressé ? Surexcité ?

J’étais un peu tout ça. Plein d’excitation d’abord. Plein d’appréhension par rapport au boulot à faire et la plongée en elle-même. J’ai passé une bonne nuit (presque autant que pour ma soutenance de thèse). J’étais calme et tout de suite concentré dès l’entrée dans le sous-marin.

Quelle a été ta première impression lorsque tu es rentré dans la sphère du Nautile ?

Je me suis dit « C’est petit ! ». J’avais l’impression que j’allais faire une plongée à 4000 m dans une tente igloo. L’électronique est assez impressionnant également avec beaucoup de boutons.

Sur les 5 h de plongée tu as pu voir différentes choses, quelle image te vient spontanément à l'esprit ?

Bêtement les bioluminescences que j’ai pu voir à 400-1000m de profondeur au début de la plongée. Ça m’a un peu ému. Après la plongée était assez monotone sur la lithologie, les structures. Les bordures de falaise sont quand même assez impressionnantes avec l’obscurité qui apparait en-dessous.

Ce qui m’a marqué c’est aussi le calme, la précision des pilotes, dans leurs mots, leur réaction. On a eu un problème de communication avec le Pourquoi Pas ?, je me suis demandé ce qu’il se passait. Ils savaient que c’était un problème à résoudre, mais eux étaient calmes, sereins.

Et puis juste le fait de réaliser d’être à 4000 m de profondeur dans une boite d’allumettes. Le mouvement de translation continue au fond.

A la sortie du Nautile, comment te sentais-tu ? Fatigué ? Soulagé ?

Comme tout le monde je pense, content d’être revenu à la surface mais frustré du côté scientifique. J’étais partagé entre l’émerveillement, la joie, l’envie de partager cette expérience incroyable. Puis frustré de ne pas avoir trouvé de site hydrothermal.

Quel est le moment qui t’a le plus marqué lors de cette journée (avant, pendant ou après la plongée) ?

C’est le sentiment d’absence. On passe 9h un peu échappé du monde, en dehors du monde. Déjà on est sur un bateau et là on est dans un petit truc à 4000 m de fond. Ce sentiment était assez fort, mélangé, avec la fatigue, le mal au dos, l’envie d’envoyer un message pour dire que tout va bien à ma femme (qui s’inquiétait un peu).

C’était vraiment vivre le moment présent, un peu comme en montagne, j’avais l’impression de me soustraire au monde. Je pense que j’aurai toujours ce sentiment, même dans mes plongées futures, ce n’est pas juste parce que c’était la première.